Archives du mot-clé rip

Patou

Cette nuit tu t’es envolé emporté par le crabe, mon cousin, mon frère. Je suis si triste de n’avoir pu te revoir depuis si longtemps. Tu me manqueras comme tu m’as manquée.

Avec toi s’envolent à tout jamais les  derniers souvenirs de notre petite enfance lorsque élevée par  ta maman  et lorsque ta soeur partie si tragiquement était encore parmi nous.

Ces jeux que nous partagions ; la pêche aux  têtards ;  les pissenlits que nous faisions friser au lavoir ; les bulles de savon ; les descentes en luge ;  les vaches qu’on emmenait au pré ;  le cheval de traie, à 3 bambins sur le cheval de traie pour aller au foin c’était quelque chose … Mes fringues que tu portais par économie …

Je garderai toujours en mémoire ces bons moments passés ensemble lorsque plus tard encore, à la trentaine, je me réfugiais chez toi, seul endroit où j’étais toujours bien accueillie.

Le parapente auquel tu m’as initiée ; Les Indiens De Montlamb’air dont tu étais le président ;  cette fois où tu m’as sortie du lit à minuit  parce que tu préférais finir la nuit à picoler du picon bière avec ta cousine au Rocking Chair plutôt que de ruminer tout seul après un diner galant raté ;  les ploufs dans le lavoir ;  les virées au bled ;  ton séjour chez moi avec tes potes à votre retour d’Australie – j’ai toujours le koala-  ; les soirées feu de camp ; les grandes discussions où on refaisait le monde ;  cette promesse qu’on s’était faite de s’installer ensemble en coloc si à 50 ans on était encore célibataires, promesse qu’on n’a pas tenue.

Ah là là j’aurais tant aimé habiter cette autre partie de la maison près de toi, mais bon voilà  à force de retours ratés dans une région où je n’étais pas la bienvenue  je suis partie vivre ailleurs, et on s’est perdus de vue.

Je suis si triste. Repose en paix mon Patou.

Les globe-trotters

La série dont ne parlent pas les médias depuis le décès d’Yves Rénier et qui a pourtant marqué toute une génération c’est bien celle-ci.

Les Globe -Trotters ! Cette série mettait en scène les aventures de deux journalistes, Pierre, le Français et Bob, l’Américain. Ils avaient fait le pari de faire le tour du monde sans un rond.

Rénier le « bôgosse » et Edward Meeks avec son terrible accent, j’aimais bien suivre les aventures de ces deux là !

Série qui date des années 60 …  Boudiou, ça ne nous rajeunit pas ma brave dame !

Depuis, et bien perso je ne me suis jamais intéressée aux diverses apparitions télévisuelles d’Yves Rénier, même le commissaire Moulin, pas suivi.

Lettre posthume

Un ami a mis fin à ses jours.

Ce fut brutal.  Jusqu’au dernier moment il n’a rien laissé paraitre de sa terrible décision qu’il préparait manifestement depuis longtemps. Il a mis de l’ordre dans ses affaires ; il a organisé, manipulé, et tout planifié pour que ceux qui restent n’aient plus qu’à suivre ses instructions bien laissées en évidence.

Tous ses amis, nous sommes dévastés.

Chacun de nous avons reçu une lettre par la poste, sa lettre posthume. Je l’ai reçu le jour de ses obsèques. Bouleversant !

Compte-tenu d’un état de santé qui se détériorait rapidement j’ai décidé de quitter ce monde lui-même en voie de dégradation accélérée qui nous laisse peu d’espoir pour celles et ceux qui nous suivent.

Certes sa santé se détériorait, il souffrait. Mais malgré qu’il soit bien entouré, qu’il ait enfin une vie affective depuis peu,  lui ce célibataire endurci qui appréciait tant son indépendance et sa liberté, la dégradation mondiale lui coupait manifestement toute motivation pour continuer à vivre en profitant de ce nouvel amour naissant.  Perturbant ! 

Puit de sciences, passionné par les questions politiques et géopolitiques, il s’intéressait notamment aux affaires internationales. 

Et de ce monde là …

Résultat de la faillite des générations de l’après-guerre 1939-45, dont je fais partie, a-t-il écrit, obnubilées  par la lutte entre le capitalisme/libéralisme et le communisme/socialisme au temps de la guerre froide, tout aussi productivistes et pollueurs l’un que l’autre et qui nous ont masqué les vrais enjeux planétaires et écologiques ; 

… Il ne voulait plus en faire parti.

Il faudrait effectivement vivre dans le déni pour ne pas se rendre compte que tout part à vau-l’eau, et que nous laissons un sacré merdier aux plus jeunes.  Non seulement les dirigeants politiques continuent dans le même sens en prenant des décisions à l’encontre de l’intérêt général, mais en plus nous subissons ce putain de virus qui  flingue l’économie, et dont beaucoup ne se relèveront peut-être pas . 

le XXIème siècle va être un enfer pour beaucoup, finit-il. 

Et il ne voulait pas continuer de vivre dans cet enfer. 

Et moi, que ferai-je si ma santé se dégradait encore dans ce monde dans lequel je ne me sens déjà pas à ma place, en étant seule en plus  ? Le tri des patients dont les pathologies ne sont pas (encore) cancéreuses a déjà bien commencé par leur mise de côté les laissant ainsi se débattre seuls avec leurs maux .  Que ferai-je si mes douleurs devenaient insoutenables ? Que ferais-je si un jour je devais devenir dépendante de quelqu’un pour mon quotidien ? Nos aînés sont  si mal considérés, et il est vrai que je fais partie moi aussi désormais de ces aînés.

Dans ces conditions, si j’avais le poison qu’il a utilisé pour en finir, il est fort probable que je mette moi aussi de l’ordre dans mes affaires pour partir bien avant de perdre la tête et de ne plus pouvoir décider de ma fin.  

La tournure que prend le monde ne vaut-elle plus en effet la peine que l’on se batte pour s’y attarder un peu plus, surtout quand le plus gros de notre vie est derrière soi, et que l’avenir semble si peu rassurant   ?  

Décidément ce suicide si bien organisé par cet être si cultivé et d’une intelligence supérieure, et cette lettre posthume me bouleversent et m’interpellent. Je ne m’en remets pas ! 

A Igor

Je me souviendrai à tout jamais de ton érudition, de tes grillades parties avec tous tes amis, de ces belles découvertes gustatives que tu  initiais pour notre plus grand plaisir, de ces  dégustations improbables que tu organisais pour vider ta cave, de nos escapades épicuriennes et vigneronnes, de ces multitudes de notes que tu prenais sur tous les vins dégustés, de ton jardin fleuri  du temps de ta maison à Aiguelongue que j’aimais tant photographier, et de tous ces bons moments en ta compagnie pendant lesquels tu m’as appris tant de choses sur tous les sujets.

Tes souffrances étaient devenues insurmontables. Tu as fait le choix de nous quitter.

Il nous reste ton blog  sur le Net quel que peu délaissé ces dernières années, mais qui nous laissera peut-être à tout jamais une trace de ton humour, de ton esprit critique, et de ta passion pour la gastronomie, la culture, et l’art sous toutes ses formes.

Bouleversée, sous le choc,  mon coeur est rempli de tristesse.

RIP mon ami. Pensées à tous tes amis qui te pleurent.

Message posthume

Journée de deuil national

C’est fou ce que l’on devient sympathique quand on meurt …

RIP monsieur Jacques Chirac !

Il est toujours joli, le temps passé
Un’ fois qu’ils ont cassé leur pipe
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés
Les morts sont tous des braves types

Bref !

Ce billet est ironique bien sûr. Pour moi le temps passé pas joli, reste pas joli. Et les morts ne sont pas tous de braves types. Je ne pardonne pas à tous ceux qui m’ont offensée. Je les zappe et j’avance sans regarder derrière…

Charles, les Compagnons de la chanson, autre temps…

Aznavour, l’Arménie, Piaf, Lino Ventura et d’autres de cette époque, souvenirs d’enfance !

Je me souviens de Charles Aznavour surtout dans les années 60-70, après j’ai complètement zappé. Je n’étais pas particulièrement fan de l’homme d’affaire qu’il était devenu, et je n’avais aucun disque.

Par contre, je me rappelle quand il chantait avec les compagnons de la chanson, des chants que les anciens aimaient à reprendre en cœur lors de regroupements festifs. Autre temps, autre époque …

Et grâce à Elisabeth, à son blog, cette très belle chanson m’est revenue en mémoire. Superbe texte !

Ils s’en sont allés
Aussi loin que leur bateau pouvait les emporter
Pour savoir ce qu’on trouvait au bout de l’univers
Pour savoir où finissait la mer

Ils se sont perdus
Entre le soleil et l’eau qui n’en finissait plus 
Accrochés dans les haubans les yeux vers l’horizon
A deux doigts d’en perdre la raison

Pour pouvoir tenir
Pour ne pas se laisser mourir
Ce qu’il leur a fallu subir
Le saura-t-on jamais ?
Mais Dieu leur a donné
Des princesses pour esclaves
Et des rois enchaînés
Et les clés d’un paradis d’un monde merveilleux
Des empires aux trésors fabuleux, fabuleux

Ils étaient partis
Parce qu’ils devaient trouver le monde trop petit
Dégoûtés par les amis, déçus par leurs amours
Fatigués de vivre au jour le jour

Les uns sont restés
Et leurs noms sont maintenant appris des écoliers
Ils ont dû mourir un jour en contemplant aux nues
Les étoiles d’un ciel inconnu

Certains moins heureux
Sont un jour revenus chez eux
Pour vieillir au coin d’un grand feu
Dévorés de regrets
Mais d’autres partiront
Et ce qu’on fait leurs aînés
Ceux-là  le referont
Quand la terre n’aura plus aucun secret pour eux
Ils iront conquérir dans les cieux
Ces eldorados, ces immensités
Dont nous font cadeau les aventuriers

1/10/2018 94 ans quand même. Il aura eu une longue vie et une belle fin ! Rip